Débrief papier

Véronique Durenne

Véronique Durenne, originaire de Celles et pharmacienne de formation, occupe la fonction de sénatrice depuis juillet 2019 au sein du Mouvement Réformateur. Durenne est intervenue lors de la séance plénière du 17 mars 2023 au sujet de l’autonomisation économique des femmes, sujet central à améliorer en Belgique selon la sénatrice, et pour lequel elle avait également pu cosigner des propositions de résolution. Elle nous partage ici son parcours, sa place de femme dans le monde politique, la violence qu’elle a vécue de la part de ses collègues et son avis sur certains sujets d’actualité comme le revenu universel ou la sécurité sur les campus universitaires.

Vous avez un parcours très intéressant, pharmacienne de formation à sénatrice. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

Ça me touche toujours quand on me pose cette question. J’étais donc pharmacienne dans un village près de Tournai, la pharmacienne du village comme on pourrait le dire. Et puis un jour, le premier échevin de ma commune passe la porte de l’officine et me dit que les élections approchent, qu’ils ont besoin d’une femme, de personnes porteuses de voix comme des médecins ou des pharmaciens et qu’il a pensé à moi. Je le regarde et je lui dis que jamais je ne pourrais faire ça. Il m’a laissé le temps de réfléchir. Alors, ce soir-là, je rentre chez moi et j’en parle à mon mari qui lui est agriculteur. Il faut savoir que mon mari est quelqu’un qui s’intéresse à tout, il a une culture extraordinaire et il adore la politique, mais de loin. Il me dit que c’est super intéressant et que je devrais essayer. Moi-même je suivais l’actualité mais jamais ne m’est venu l’idée de faire de la politique. Après beaucoup de discussions, j’ai dit oui. On me met alors en deuxième place. Je fais la campagne et je joue le jeu. Et puis le soir des élections on me dit : « Voilà, Véronique, tu es échevine ». Et là, je cours le dire à mon mari et je me rends compte que je me suis mise dans un embarras pas possible. Il faut savoir que je suis quelqu’un de très sensible, un homme m’avait même dit : “Mon Dieu, Véronique, mon petit, tu devras avoir de larges épaules” et je repense souvent à ce monsieur. J’ai pris le post, j’avais été élue. Après tout, le citoyen me faisait confiance et il me connaissait en tant que pharmacienne donc on ne peut pas dire que je tombais de n’importe où. Je me souviendrai toute ma vie du premier jour où je suis arrivée en collège. J’étais très scolaire avec mon petit cartable et ensuite, j’ai appris sur le terrain.On m’a alors confiée la petite enfance et la culture, des matières qui m’étaient chères et proches en tant que jeune maman. Et mon échevinat s’est très bien passé. Aux élections suivantes, six ans plus tard, je dépasse la tête de liste et je deviens bourgmestre. Ensuite, je suis devenue bourgmestre empêchée, mais je connaissais les règles du jeu. Je suis donc devenue députée. Dans ma commune, ils l’ont un peu mal pris, ils m’ont dit que je les avais abandonnés, ils m’avaient élue bourgmestre et je suis partie. Donc j’étais députée, et un jour Charles Michel m’a appelée pour me désigner sénatrice. Et voilà où j’en suis aujourd’hui. C’est pour ça que j’encourage vivement les jeunes à se lancer dans la politique, vraiment. Je suis le bel exemple qu’on peut apprendre et y arriver.

Avez-vous trouvé cet apprentissage difficile ? La politique est-elle réellement un monde d’hommes ?

Je dirais que pour apprendre, il faut vraiment être sur le terrain. Et puis, le métier de politique est assez éphémère, ce n’est pas un métier, c’est une mission que nous avons. C’était difficile par temps, mais j’ai toujours eu mon mari à mes côtés, il m’a beaucoup aidée. Il faut aussi savoir que de mon temps, c’était un milieu très macho. À mes débuts, j’ai eu beaucoup de mal. Je me suis pourtant toujours accrochée. J’ai eu beaucoup de soutien de la part des citoyens et du bourgmestre, ça m’a beaucoup aidée. Et avec le temps, on apprend à s’endurcir.

Vous encouragez les femmes et les jeunes femmes à entreprendre des études STEM (science, technology, engineering, and mathematics) et à développer leur estime de soi. La sécurité sur les campus universitaires y joue un rôle primordial et reste parfois un frein au développement de l’estime de soi. Quelles seraient vos propositions ? 

Malheureusement, sans remettre en cause le travail qui est déjà fait, je pense que la formation des agents de sécurité est déficiente. Après ce n’est pas évident, et la critique est très facile. Il faut bien se mettre en tête qu’on doit toujours essayer de s’améliorer et de trouver des solutions. On a pu, grâce aux habilitations, ouvrir d’autres sections de formation. Là aussi je pense qu’il y a une formation qui doit être renforcée et améliorée pour que vous, les jeunes, puissiez-vous sentir en sécurité. Il faut une réelle prise de conscience de la part des professionnels qui vont vous encadrer. L’installation de caméras de surveillance peut également être une solution. C’est aussi à nous de jouer notre rôle et d’attirer l’attention, et pourquoi pas proposer une résolution.

Pour terminer, la N-VA est en faveur de la suppression du Sénat. Quelle est votre position par rapport au maintien ou non du Sénat ?

Pour moi, le Sénat a toute son importance. Premièrement, c’est le lieu de rencontre entre les différentes entités fédérées, et je le vois. C’est très important de pouvoir échanger avec nos amis néerlandophones et voir les différentes pratiques mises en œuvre des deux côtés de la frontière linguistique. Il faut peut-être le réformer. Effectivement, c’est une discussion que l’on doit avoir. Mais le Sénat a toute son importance malgré les nombreuses critiques à son égard. On pense qu’au Sénat on ne fait rien, alors que c’est complètement faux. Quand on voit les comptes rendus des différentes commissions et les textes qui sont mis sur la table, on se rend compte qu’ils ont toute leur importance. Donc oui, nous sommes contre la suppression du Sénat.

par Lara Zenginoglu

Saviez-vous qu’il existe une société belge qui extrait des molécules issues de la plante du cannabis pour les utiliser dans le secteur de la santé ? Le groupe de travail santé a eu l’opportunité d’aller à la rencontre de l’un de ces fondateurs, Flora, bio-ingénieur de formation. En collaboration avec deux autres fondateurs, Lionel et Jonathan, tous deux ingénieurs de gestion, Flora a créé CBX medical, il y a deux ans et demi. Cette société belge est spécialisée dans le développement de produits à base de cannabinoïdes, tel que le cannabidiol (CBD). Ces produits sont uniquement disponibles en pharmacie. Les trois fondateurs sont en effet convaincus des bienfaits pour la santé de ces molécules non-stupéfiantes présentes dans la plante de cannabis. Aujourd’hui, ces produits à base de CBD se vendent surtout dans des CBD shop ou sur internet, alors qu’ils devraient se retrouver en pharmacie où une qualité et un conseil de la part de spécialistes peuvent être assurés. Leur but est de ramener ces produits à base de CBD et d’autres cannabinoïdes non stupéfiant comme le cannabigérol (CBG) dans les pharmacies. Pour cela, une grande partie de leur travail est d’aller sur le terrain, présenter leurs produits aux spécialistes de la santé et donner des formations.

CBX medical repose sur deux piliers importants, la science et l’éducation.

Pour le pilier scientifique, le CBD a été découvert en 1964, suivi de la découverte du système endocannabinoïde. C’est un sujet de recherche en pleine effervescence car il y a encore pleins de choses à découvrir et CBX essaye de le faire de différentes manières. Ils ont par exemple coordonné des mémoires au sein d’universités européennes notamment avec la faculté de pharmacie de l’Université Libre de Bruxelles et l’Université de Gembloux. De plus, ils ont aussi créé une fondation, la « CBX Foundation » dont la première initiative a été de créer un concours pour la recherche académique, qui récompense les meilleurs sujets de mémoire : la « Research Award for cannabis in Europe (RACE) ». La prochaine édition de RACE est prévue en 2024 et les étudiants peuvent déjà s’inscrire. Le but de CBX à travers ces initiatives est de stimuler le corps académique à s’intéresser à la plante de cannabis et toutes ces utilisations pour pousser la recherche en Europe.

Pour le pilier éducation, Flora attire notre attention sur le manque de connaissances du monde médical au sujet des cannabinoïdes. Elle nous explique qu’au début du projet, CBX a vite été confronté à des problèmes lors de la présentation de leurs produits dans les pharmacies car ces derniers pensaient soit qu’il s’agissait de drogues soit ils ne savaient pas comment utiliser ces produits. Dans une logique de former ces professionnels, CBX medical a donc mis en place une série de formation pour les professionnels de la santé.

Une autre activité complémentaire à leurs 2 piliers est la mise en place d’un champ expérimental l’année passée, dans la région de Chaumont-Gistoux, pour aider à développer la filière au niveau de l’agriculture en Belgique. Ils y ont planté deux variétés autorisées au niveau de l’Europe car elles ont une concentration inférieure à 0,3% de THC. Cette expérience va être réitérée cette année dans la commune de Lasne. A côté de cette plantation, CBX a aussi fait une exposition sur l’utilisation « zéro déchet » de la plante de cannabis, où ils ont illustré l’utilité de toutes les parties de cette plante.

En plus d’être acteur dans la recherche, ils ont leur gamme de produits vendus en pharmacie qui répond à trois catégories de besoins : (1) bouger, (2) relaxer et (3) régénérer. Ces produits n’ont pas d’effets planant car ils ne contiennent pas de THC. Par exemple, dans la catégorie « bouger » on retrouve un gel refroidissant à base de CBD, le canflex, et un gel chaud à base de CBG, le canmove, pour les articulations et muscles.

Laetitia Tursugian, déléguée santé

Le temps où nos grands-parents nous glissaient un billet de 50€ dans une carte
d’anniversaire en guise de dringuelle (de pourboire) est peut-être révolu et laisse place à un
virement bancaire avec « Bon anniversaire ! Mamy et Papy » en communication libre. Si certains
sont attachés à leurs billets et aiment les avoir en main, d’autres préfèrent mettre leur argent sur
un compte en banque et payer uniquement par virement. La réalité, c’est que notre société évolue et l’argent liquide disparait peu à peu de la circulation pour diverses raisons, mais pas sans risque.

Au fil du temps...

Il est intéressant, avant tout, de revenir sur l’histoire de la monnaie. Pour rappel, les
premiers échanges étaient sous forme de troc (commercer un objet contre un autre). Mais cette
forme d’échange a vite posé quelques problèmes : parfois impossible si l’une des personnes ne
veut pas de l’objet proposé par l’autre, également compliqué si une grosse pièce ne peut être
découpée pour des petits échanges… Dès lors, la monnaie s’est rapidement imposée. Les objets
ont alors une valeur monétaire. Si aujourd’hui « être riche » signifie avoir un chiffre à 6 zéros en
actif, autrefois la richesse était le bétail. Cela a d’ailleurs eu une répercussion sur notre vocabulaire puisque pecus qui signifie troupeau en latin a donné « pécuniaire », idem pour caput (tête) qui a donné « capital ».

Avant les pièces en métal et en or, la monnaie était du sel ou même des coquillages. Au fil des siècles, les Royaumes créent leur propre monnaie en vue d’unifier les échanges sur son territoire. Il faudra en revanche attendre 1750 pour connaitre la première monnaie internationale, le thaler (créé par l’impératrice Marie Thérèse de Habsbourg). A noter que le thaler va subir une distorsion phonétique et devenir « dollar ». À la fin du XVIIe siècle, suite à une pénurie de monnaie, les colons français installés au Canada inventent la monnaie fiduciaire. Mais c’est au XVIIIe siècle que la monnaie papier et les billets apparaissent en France.

Dématérialisation

Si l’argent liquide reste présent car il représente une réserve de valeur, actuellement, l’argent subi une dématérialisation. Il est maintenant possible de payer par carte mais aussi avec un smartphone et/ou avec une montre connectée. Ces paiements dématérialisés sont sans conteste nettement plus pratiques et rapides, d’autant plus depuis le « sans contact » : un bip et la transaction est faite ! La crise du coronavirus a évidement favorisé l’utilisation du « sans contact » pour une question d’hygiène. De plus, les paiements électroniques offrent aux commerçants une certaine sécurité. En effet, cela leur évite de tomber sur des faux billets ou sur des chèques en bois mais ce type de paiement permet aussi à n’importe qui de suivre et surveiller ses dépenses plus facilement. L’argent numérique, comme envisagé pour 2025, se présente comme des billets rangés à la banque centrale et non plus dans les portefeuilles des gens.

Le passage historique de cet article oublie de rappeler qu’il existe actuellement une autre forme d’argent : la cryptomonnaie. Le dictionnaire Le Robert définit la cryptomonnaie comme une
monnaie numérique en usage sur internet, indépendante des réseaux bancaires et liée à un système de cryptage. Par exemple, le bitcoin est une cryptomonnaie. L’une des grandes caractéristiques de celle-ci est qu’elle ne laisse pas de traces. Alors, pour des transactions illégales, la cryptomonnaie sera privilégiée. Si cette monnaie récemment mise en place intéresse presque exclusivement aux jeunes, c’est parce que selon une étude allemande, ceux-ci n’ont grandi qu’avec des crises (crise de 2009, bulle d’internet, Brexit…) qui les encouragent à faire des
investissements à risque comme les cryptomonnaies. Voilà donc un élément en plus qui va faire
disparaitre le cash dans les prochaines années.

Quelle serait la réalité si l'argent liquide disparaissait définitivement?

 D’après les dires de Jacques Fierens (avocat et professeur de droit à l’ULiège), il y aura un monde sans cash où il fait bon vivre et ensoleillé et un monde sombre avec de l’argent liquide en circulation où la souffrance et la misère sont prédominantes. De plus, si il n’y a plus de cash, cela veut donc dire que toutes les transactions se feront par carte bancaires, ce qui posera le problème de traçabilité. Personne n’aura de secret pour les banques.  Tous les paiements seront visibles par les banques et les influenceront sur le refus ou non d’un crédit (par exemple, une banque va refuser un prêt à quelqu’un qui joue souvent au casino). Pour les commerçants, la disparition du cash fera descendre le nombre de braquage mais il sera alors impératif de développer la cybersécurité des banques pour faire face aux hackers.

Enfin, la suppression de l’argent liquide fera presque disparaitre le travail au noir. Cependant, la pauvreté ne disparaitra pas pour autant, un retour au troc est possible. Aussi, Il a été montré que sortir une liasse de billets de son portefeuille est plus significatif dans les esprits des individus que payer sans contact ou par une application.

Que l’on préfère avoir son argent en main propre, que l’on préfère le savoir en sécurité dans une banque ou qu’on décide d’investir dans des cryptomonnaies, chacun gère son argent comme il l’entend. La marche vers la disparition totale de l’argent liquide est large mais il n’est pas impossible que dans quelques années le billets de 5€ tel que nous le connaissons actuellement devienne une pièce de collection, comme le franc.

Sources

– Histoire de la monnaie : https://group.bnpparibas/actualite/breve-histoire-monnaie
– L’argent et ses métamorphoses : vidéo ARTE
– La fin du cash : https://dossiers.lalibre.be/la-fin-du-cash/

C’est sur une note positive que le bilan de la Loterie Nationale s’est terminé en 2022. 1,48 milliard d’euros, c’est le chiffre. L’année dernière, la baisse du pouvoir d’achat et les crises successives ont raboté de 2,7% le chiffre d’affaires de la loterie, après un exercice 2021 record, qui avait coïncidé avec la sortie de la crise Covid. L’entreprise tourne avec 430 collaborateurs et en a engagé 67 l’année dernière. Intéressons-nous quelques instants à la nouvelle présidente du conseil d’administration et à cette société philanthrope quelque peu méconnue du public.

Peux-tu te présenter et retracer ton parcours ?

Je suis sortie en 2011 de l’université avec un diplôme d’ingénieure commerciale et j’ai directement commencé à travailler dans le secteur privé pour la boite Ice Watch qui était en plein essor. Je travaillais au développement de la marque à l’international ; je m’occupais du Moyen-Orient et du continent européen. C’était très instructif. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de travailler pour une PME qui développait des magasins retail en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg.  Dans la foulée, j’ai passé un examen pour faire de l’audit au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles, j’ai réussi mon examen pour être statutarisée mais j’ai passé également en 2014 l’examen du MR que j’ai réussi. J’ai donc arrêté l’audit et j’ai commencé à travailler au groupe MR du parlement. Denis Ducarme était chef de groupe à l’époque et je m’occupais de la commission Finances et Budget. Ensuite, Denis est devenu ministre des PME, Indépendants, Classe moyenne et Agriculture et là je l’ai suivi et je suis devenue directrice des Budget/Finances dans son cabinet. A l’heure actuelle je suis cheffe de cabinet adjointe pour le ministre David Clarinval et je suis en charge des cellules statut social, travailleurs indépendants et cellule PME.

Depuis mai 2021, j’occupe la fonction de présidente du conseil d’administration de la Loterie Nationale.

Connaissais-tu le secteur avant d’y rentrer ? 
Je ne connaissais pas les particularités du secteur des jeux de hasard. Je connaissais la Loterie Nationale en tant qu’entreprise publique. Je traitais en effet avec cette entreprise lorsque je travaillais au parlement au niveau de la commission finances/budget. Quand je suis arrivée à la loterie, j’ai dû très vite apprendre comment fonctionnait cette belle entreprise publique mais aussi le cadre réglementaire dans lequel elle évoluait et le secteur des jeux de manière plus large. D’abord son fonctionnement : sa stratégie, son contrat de gestion avec le gouvernement mais aussi le secteur des jeux de hasard de manière plus globale puisque la loterie a également une branche « paris sportifs » qui est régie par la loi sur les jeux de hasard et donc là effectivement c’était plus technico-juridique et j’ai dû m’en imprégner.

En mai 2021, quand je suis arrivée comme présidente de la loterie, presque l’ensemble du conseil avait été renouvelé. Il s’agissait donc de matières nouvelles pour la plupart des membres. Les séances étaient donc plus didactiques car pour chacun des dossiers sur la table, un rétroacte était nécessaire.

L’année 2021 a été marquée une fois de plus par la crise du Covid. Malgré cela, le nouveau CA mis en place a pu être témoin de l’adaptation rapide de la stratégie de la LN à la situation exceptionnelle qu’a représenté le Covid. L’entreprise publique a pu tirer profit de ses investissements dans le digital et dans les points de vente.

Un conseil d’administration qui respecte les quotas de parité ?
Oui, niveau quotas « entreprises publiques ». Je suis particulièrement fière que ce soit une femme à la présidence du conseil d’administration. Il y a 5 autres femmes qui siègent au conseil d’administration donc on atteint quasiment les 50% ; on va même au-delà de ce qui est imposé et c’est très positif.

Est-ce que ce système de quotas est une bonne chose ?
Non.

Tout d’abord, je partage évidemment le constat qu’il reste encore beaucoup de travail pour assurer une bien meilleure représentativité des femmes dans certains milieux de la société et ce, notamment dans la haute fonction publique et dans la sphère politique. Néanmoins, et idéologiquement parlant, je suis contre le fait d’imposer un système de quotas « en faveur des femmes » et je suis encore optimiste de croire qu’il existe d’autres solutions pour promouvoir la représentativité des femmes que ce soit dans le secteur privé ou le secteur public. Il s’agit d’une fausse bonne idée selon moi car on stigmatise la femme qu’on choisit en fonction de son sexe plutôt qu’en fonction de ses compétences/connaissances. Pour certaines femmes, la parité forcée peut même paraître humiliante/stigmatisante. Les quotas sont selon moi une discrimination positive car ils créent une nouvelle inégalité  afin de promouvoir une égalité. 

Le sujet de légalité homme-femme est un problème sociétal plus profond ancré dans les pratiques et les cultures et pour lequel la formation, l’éducation et la sensibilisation restent primordiales. Cependant, au vus des arguments que je viens d’énumérer, le système de quotas ne me semble pas suffisant pour améliorer la parité. Ce n’est pas en forçant les choses qu’on y arrivera. In fine, imposer des quotas reste pour moi une énorme faiblesse en tant que société.

C'est quoi la Loterie ?

La première loterie a été organisée en 1441 à Bruges et depuis elle a évolué et s’est diversifiée à travers le temps pour arriver à la loterie que nous connaissons de nos jours. C’est un modèle assez unique en Belgique, c’est un monopole d’état.

Il faut se rappeler que la LN a une double mission :

  • Offrir à chacun la chance d’assouvir son envie de jouer ;
  • En contribuant ainsi positivement au plaisir de jouer, au bien-être et à la société (responsabilité sociétale).

C’est pour ce faire que la LN :

  • Assume sa mission de canalisation en organisant des jeux attractifs, accessibles et responsables caractérisés par leur dimension collégiale et leur transparence, et développés, commercialisés et soutenus dans cette optique.  La raison d’être de la LN est la collecte de fonds pour soutenir les bonnes causes par la canalisation active des joueurs.
  • Mets les bénéfices qu’elle enregistre à disposition de la collectivité. Une relation directe est ainsi établie entre le joueur, le jeu et les bonnes causes. Cette réciprocité fait partie de la culture d’entreprise de la Loterie Nationale.
  • Assume également un rôle d’exemple dans sa gestion d’entreprise. Elle se veut être une organisation moderne, performante, attentive aux coûts et à la durabilité dans sa responsabilité sociale en tant qu’entreprise, sa politique de RH, son infrastructure IT, sa politique d’achat et tous les autres processus.

Le modèle de la LN est unique par nature. En effet, elle offre des jeux transparents et responsales à un grand nombre de joueurs (6,4 millions de Belges) qui jouent des petites mises (en moyenne 5 euros) à des petites fréquences (46,8 moments de jeu/an). L’ensemble de ces bénéfices sont ensuite réinvestis dans la collectivité. C’est en effet la collectivité et le vivre-ensemble qui sortent gagnants des bons résultats de la LN via la rente de monopole (145 millions) versée à l’état et les subsides (200 millions) octroyés à de très nombreuses associations caritatives à travers tout le pays qui en ont grand besoin dans le contexte que nous connaissons. La Loterie Nationale, c’est en effet bien plus que jouer.

Quelle est la stratégie de la Loterie nationale ?
Les jeux proposés par la Loterie Nationale reposent sur trois piliers : le Lotto, Euromillions et les jeux instants. Cela fait partie de notre stratégie de diversification qui nous permet à la fois d’avoir une croissance durable et d’amortir un éventuel choc qui viendrait frapper un de nos piliers.

Concrètement :

A. Élargir la base de joueur :

  • Quantitativement : capturer des parts de marché (particulièrement en canalisant les parts de la concurrence) ;
  • Qualitativement : développer une compréhension plus riche du joueur.

B. Être présent partout, tout le temps, de manière optimale :

  • Qualité du numérique ;
  • Qualité des POS ;
  • Portefeuille de produit afin de répondre aux besoins de chacun des joueurs.

C. La loterie c’est bien plus que jouer :

Un modèle responsable (produits sûrs, participation modérée, pour le plus grand nombre), un engagement entre le joueur-les bonnes causes-loterie, et des normes sociétales et environnementales élevées.

Que faire des personnes « addictes » ?
Au niveau de la loterie, les joueurs sont nombreux mais ils jouent de petites mises. Notre mission est de canaliser le joueur pour le protéger. Au niveau du nouveau contrat de gestion entré en vigueur en septembre 21, il y a plusieurs mesures qui ont été mises en place ;

  • Certification – la LN protège ses joueurs en étant entre autre engagée dans le processus de certification « Responsible Gaming » de l’association des loteries européennes. Elle dispose du certificat d’opérateur responsable (ratifié tous les 3 ans par un audit externe).
  • Depuis septembre 2020, le comité de jeux resp., existant au sein de la loterie depuis 2006, a été remplacé par le conseil sup. d’éthique des jeux de la LN. Ce dernier est composé d’experts qui établissent des recommandations qui doivent être respectées dans le cadre d’une politique de jeux responsables. Ces directives portent principalement sur la prévention de la dépendance au jeu, le strict respect de la non participation des mineurs aux jeux de la LN, politique de marketing responsable, formation des membres du personnel et des points de vente et enfin la communication d’informations adéquates concernant le traitement de la dépendance aux jeux.
  • Formation des employés – sensibilisation afin de reconnaître plus rapidement une personne addict aux jeux.
  • Formation des points de vente
  • Mistery shopping pour éviter que les jeunes ne puissent acheter des produits de la loterie
  • Conception et analyse des jeux – en utilisant la matrice d’analyse permettant d’évaluer les risques des jeux selon des critères objectifs.
  • Analyse du comportent de jeux des joueurs

On se rend compte que quelqu’un qui est « addict » aux jeux ne l’est pas au début avec les jeux de la Loterie Nationale ; il est accro à d’autres jeux de hasard et s’il arrive chez nous, il aura plus tendance à jouer, oui. Nous analysons tous ces comportements pour éviter d’arriver à des situations totalement irrécupérables.

La loterie est philanthrope ?
Les plus grands montants (structurels) sont déterminés par un arrêté royal : Fondation Roi Baudouin, Croix rouge, etc. ce sont des montants qui sont repris annuellement dans un arrêté royal. Ensuite, il y a tout ce qui est prestige national. Il s’agit de plus petits montants pour des plus petites ASBL qui demandent de l’aide et qui rentrent dans l’objet sociétal de la loterie soit pour un événement ponctuel (sponsoring) soit pour subsidier un événement qui ne pourrait plus avoir lieu sans le subside de la loterie. Tout se fait via le site internet de la LN où on retrouve deux types de formulaire : un pour le sponsoring et l’autre pour une demande de subsides. La loterie dispose d’un délai de trois mois pour répondre à la demande.

Nous devrions à l’avenir améliorer la frontière entre sponsoring et subsides car la différence est assez mince et des fois mal comprise du grand public. Deuxième point d’amélioration, nous devrions plus communiquer avec nos joueurs pour qu’ils sachent que l’intégralité de leur somme est reversée aux bonnes causes. Cela passe aussi par le renforcement de notre partenariat avec les bonnes causes.

Messages clés?

  • Ce que j’ai constaté en tant que présidente du CA de la Loterie Nationale, c’est que la stratégie de la Loterie Nationale ne peut être tenable à long terme sans une politique de jeux de hasard responsable. Ceci implique évidemment que la Loterie remplisse son rôle et ce dernier est d’ailleurs bien encadré dans le contrat de gestion. Renforcer cette politique de jeu responsable permettra non seulement aux opérateurs privés légaux de développer leur activité mais aussi, à la Loterie Nationale, avec son monopole et son rôle sociétal, de faire persévérer sa position sur le marché en continuant à prospérer sans accroître sa part de marché et en protégeant toujours le joueur. La LN est un très bel outil public qui doit s’adapter à la concurrence évolutive pour protéger sa plus value PUBLIQUE. J’ai le sentiment que sans une politique en matière de jeux de hasard cohérente et proportionnée, la Loterie Nationale ne pourra plus garantir son modèle tel qu’il existe aujourd’hui.

Et je le répète, l’objectif est commun pour tous même si nos missions sont différentes et le modèle est différent. Il ne s’agit pas d’opposer la Loterie nationale au secteur privé mais d’appliquer une politique de jeux responsable, proportionnée et cohérente.

  • Le rôle sociétal de la loterie n’est pas assez valorisé. Il faut en faire davantage vis-à-vis des citoyens mais aussi vis-à-vis des partenaires. La loterie, c’est bien plus que jouer !

Connaissez-vous vraiment Géraldine ?

Vin ou bière ?

  • Définitivement. Vin Blanc. J’ai été une fêtarde à l’unif mais je n’ai jamais aimé la bière…

Plage ou ski ?

  • Rah… C’est difficile ça… j’adore skier mais je dirais plage car on se repose un peu plus !

Matinale ou noctambule ?

  • Noctambule

Bonne bouffe ou restaurant gastronomique ?

  • Bonne bouffe ; pour l’ambiance surtout !

Sucré ou salé ?

  • Salé

Chères lectrices, chers lecteurs,
Quel plaisir de vous retrouver pour ce second Débrief’Mag qui – j’ose espérer – vous ravira autant que le premier.

D’aucuns prédisaient l’année 2020 comme une année charnière, l’année dont tout le monde allait se rappeler. Cependant, nous nous souviendrons certainement de cette pandémie qui – pour des raisons sanitaires – a considéré nos libertés comme des simples laissés-pour-compte. Puis, les crises se sont enchaînées les unes après les autres: crise sociale, crise énergétique, crise économique, crise écologique et j’en passe; ne laissant ainsi qu’un présage sombre pour l’avenir de nos jeunes.

La jeunesse qui est également touchée par des crises existentielles: wokisme et culture d’annulation (cancel culture). Cette jeunesse ne peut malheureusement plus s’exprimer librement sous peine de passer sous le joug de l’idéologie bien-pensante actuelle. Sans repère, sans culture, sans histoire, sans fierté pour son pays, cette dernière ne peut plus avancer, ne peut plus penser par elle-même ! Heureusement, elle est écoutée et aidée; j’en veux pour exemple – pour n’en citer qu’un – la réforme de l’enseignement supérieur promulguée par notre Ministre Valérie Glatigny. Cette correctio non grata est frappée d’ostracisme par la cohorte estudiantine qui fait trop souvent preuve d’incompréhension.

Nonobstant, malgré les crises, nous avons, jeunes et aînés, essayé de protéger et défendre nos droits fondamentaux. Un de ces droits est celui d’avoir une mort décente et paisible. Thème encore tabou à l’heure actuelle tant par les religions que par certaines personnes du monde médical, l’euthanasie est le sujet qui nous occupera tout au long de ce magazine. Loin de nous l’envie de vous inculquer une quelconque pensée, il nous semblait important de vous proposer un petit retour historique, un comparatif entre certains pays de l’Union européenne, une interview exclusive de “Docteur Death” et bien plus encore. Le but étant de vous donner toutes les clés pour laisser place à votre libre arbitre puisque “penser fait la grandeur de l’homme” comme l’aurait dit Blaise Pascal.

Excellente lecture!

Gauthier JACQUES
Rédacteur en chef.

Débrief’ mag | n°01

Chères amies libérales, chers amis libéraux,

Quel plaisir de vous retrouver pour cette toute nouvelle revue papier !
Je débriefe, tu débriefes, ensemble nous débrieferons l’actualité politique, économique, culturelle, etc. dans différents articles thématiques ! Nouveau nom “Débrief’mag”, nouveau format, nouvelles couleurs, l’ère du Piccolomag
est révolue !
Avant de vous plonger dans une passionnante lecture, j’aimerais vous adresser ces quelques mots.
Depuis quelques mois déjà, notre philosophie libérale vogue de Charybde en Scylla mais ne faiblit pas pour autant. Tant de fois notre envie de liberté a été mise au ban, tantôt par des wokistes acharnés, tantôt par ce politiquement correct qui restreint de plus en plus notre pensée en voulant la faire passer dans un goulet d’étranglement de la perfide perfection commune.
Cependant, tel un coquelicot après une tempête, notre libéralisme se plie et se redresse comme il l’a toujours fait depuis 175 ans. Puis, nos valeurs libérales se sont révélées plus fortes que jamais lors de cette crise ukrainienne qui aura des répercussions politiques, économiques, diplomatiques mais également idéologiques sur l’ensemble du territoire européen. Nonobstant, éveil et réflexion sont nos deux mots d’ordre pour les prochains mois. Ne nous laissons pas tenter par les extrêmes, acceptons les changements sociétaux inhérents à toutes civilisations modernes pour autant que ceux-ci soient éclairants et éclairés, ne tombons pas de l’absurde du politiquement correct, ne modifions pas notre passé mais acceptons-le comme d’autres l’ont fait avant nous, et surtout… soyons fiers d’être des libéraux !

Très belle lecture !
Libéralement vôtre,

Gauthier JACQUES
Rédacteur en chef.