En voiture Simone !

En voiture Simone !

Par Guillaume Bello

Le DebriefMag a échangé « mobilité et accès au permis de conduire » avec Lionel DI PIERDOMENICO, 35 ans, JeunesMR et mandataire CPAS de Froidchappelle qui a décidé de s’impliquer dans l’accès au permis de conduire auprès des jeunes et moins jeunes de sa région, le Hainaut.

person holding steering wheel

 

Pourquoi as-tu souhaité te lancer dans une formation d’instructeur auto-école ?

 

Suite aux différents problèmes de mobilités régulièrement mis en avant dans le cadre de l’accès à l’emploi, Lionel a souhaité pouvoir, à son niveau, contribuer à faciliter l’accès à la mobilité près de chez lui, le sud Hainaut. Lionel est parti du constat que de nombreux demandeurs d’emploi pourraient plus facilement trouver un emploi avec un permis de conduire. Il s’est aussi rendu compte que le nombre d’échec à l’examen théorique était en hausse, ce qui induit, obligatoirement, le candidat au permis de conduire à suivre 12h de cours théorique auprès d’une auto-école agréée. Ces 12h de cours peuvent être financièrement contraignant. Alors pour permettre une alternative moins onéreuse (3x moins chères), Lionel a décidé de passer son brevet d’instructeur au SPW. C’est une démarche solidaire et préventive, avant d’avoir eu 2 échecs, pour aider à l’obtention du permis théorique car les heures données par Lionel, hors auto-école agréée, ne débouchent pas à une attestation officielle, regrette-t-il.

Selon toi, comment se préparer au mieux au permis de conduire ?

 

La première chose à faire, est d’utiliser un support à jour. Le code de la route évolue régulièrement, et reprendre le livre d’une grande sœur ou d’un cousin n’est pas toujours une bonne idée. Pour mettre toutes les chances de son côté, il n’y pas de secret, il faut bien réviser la théorie ! En ce qui concerne la pratique, il faut rouler le plus possible pour être confronter à différentes situations concrètes et apprendre à bien réagir face à celles-ci. Il faut également exécuter des manœuvres, pouvoir faire demi-tour, se garer et se familiariser avec la perception des risques, tout en étant à l’aise pour manier son véhicule. Il faut rouler partout à différents moments de la journée pour être habitué à gérer différents flux d’usagers et différents cas, qui pourraient se présenter lors de l’examen.

 

Quant à la méthode, il existe deux solutions : la filière libre ou l’auto-école. La filière libre a ses avantages, pouvoir rouler plus régulièrement à un coût moindre face à une auto-école qui facture chaque heure de cours, et c’est bien normal. Les auto-écoles sont des entreprises qui doivent assurer leur équilibre financier. Dans ce cas, l’inconvénient majeur reste la transmission par le guide de mauvaises habitudes de conduites. Lionel préconise une meilleure vérification des aptitudes du guide, quand aujourd’hui le seul aspect auquel doit se plier un guide en filière libre est de suivre un e-learning sur internet. Lionel souhaiterait un questionnaire à la suite de la formation sur internet. Il émet aussi l’idée d’un contrôle plus strict de la vérification des aptitudes et des connaissances que le guide va transmettre au futur usager de la route. La théorie et la pratique via une auto-école représente un coût pour le portefeuille, et en même temps les auto-écoles apportent un éclairage et une compréhension nécessaire sur la pratique et la théorie. L’expertise d’un moniteur est une réelle plus-value pour les candidats au permis de conduire. C’est aussi un entraînement plus concret et intense sur les particularités du code et sur les circuits d’examens. Pour limiter le cout de cette filière, il existe des auto-écoles sociales mais il y en a peu.

Une alternative à moindre coût sont les sessions d’apprentissage rapide, la théorie est condensée en 6h et l’examen se déroule dans la foulée. La seule condition d’accès est de ne pas avoir déjà échoué 2 fois à l’examen théorique, car dans ce cas, une attestation de suivi de 12h de cours théorie au sein d’une auto-école est requis

man in black jacket holding blue tablet computer

Lionel trouve dommage que dans le système actuel les candidats qui échouent, ou qui réussissent, n’aient pas la possibilité de prendre connaissance des questions auxquelles ils sont passés à côté. Plutôt que d’indiquer le nombre de questions ratées, indiquer sur le document les articles du code concernés par les mauvaises réponses seraient aussi plus pertinent pour guider le candidat dans ses révisions.

Peut-être que cela atténuerait les échecs, qui en 2021, en Wallonie, représentent 65,1% des candidats à la théorie. Ils étaient 41% à échouer en région bruxelloise.

 

Quelles sont les principales difficultés à l’obtention du permis de conduire ?

Au niveau théorique, partie que Lionel connait le mieux, il s’agit d’un problème de compréhension des questions et de la façon dont sont tournées celles-ci.

Par exemple, beaucoup de candidats se font piéger avec les tournures de phrases. Lionel remarque aussi que si l’outil informatique n’est plus une difficulté pour les jeunes, ils veulent aller trop vite. Certains ne lisent plus les questions, d’autres répondent seulement par rapport à l’image qu’il voit,  et qu’il associe à celles vues durant leur série d’entraînement, notamment sur des questions de priorité ou de céder le passage. Lionel vous conseille de  prendre le temps de bien lire les questions, de faire attention au raisonnement et au sens des questions. Dans le temps imparti des 15 secondes pour répondre avoir une mécanique logique de gestion de l’information image et question est une des clés pour choisir la bonne réponse et donc réussir son permis. Ces aspects ainsi que les fautes graves font partie des trucs et astuces qui sont partagés lors des cours. Le questionnaire est composé de 50 questions, ce qui est relativement long alors rester concentré tout le long est primordial.

Selon toi, quels sont les points positifs et négatifs de la mobilité en Belgique ?

 

La différence d’infrastructures et d’aménagements en termes de mobilité entre le nord et le sud du pays est surprenante, notamment au vu de la taille de la Belgique. Les mentalités et habitudes de déplacements ne sont pas identiques, et c’est peut-être sur ces deux points que la Wallonie pourrait s’améliorer. Il faudrait pouvoir offrir des infrastructures adaptées aux usages des citoyens, et/ou pouvoir adapter les aménagements aux mentalités afin de pouvoir inciter les citoyens au changement des usages. Il est également essentiel de trouver un bon compromis entre les différents moyens de transports et une réflexion de tout un chacun sur ses propres déplacements, il existe certainement d’autres façons de parcourir 100 mètres que d’utiliser un véhicule à moteur. Par contre, parcourir une distance de porte à porte sur plusieurs dizaines de kilomètres en un laps de temps réduit nécessite un moyen adéquat. Lionel pense que chaque déplacement doit être évaluer en fonction de la situation de chacun au moment précis et en fonction des évènements prévus ou à prévoir après le déplacement. Les déplacements en zone rurale ne sont pas aussi faciles en transport en commun ou à vélo que dans les villes, la voiture y est plus facilement privilégiée car les infrastructures ne sont pas adaptées à d’autre modalité de déplacement. 

Quels sont les points à améliorer pour une meilleure mobilité demain en Belgique ?

 

Il faudrait améliorer les interconnexions entre les villes et au sein des zones rurales, développer des services et des infrastructures adaptés à l’utilisation des transports en commun, du vélo, ou d’autre moyen de mobilité afin d’inciter un changement de comportement des usagers. Le covoiturage et le télétravail sont des points à développer, en concertation avec les entreprises. Une fiscalité, réfléchie et juste, est un autre point de levier à travailler pour inciter à une mobilité différente. Le code de la route évolue, et le nombre d’usagers également, il est important que chacun soit au fait des règles en vigueurs. Le permis européen qui doit être renouvelé tous les 10 ans pourrait donner lieu à une (in)formation récapitulative des changements effectués dans le code au cours de la décennie écoulée.

En ce qui concerne le permis de conduire, il faudrait revoir la possibilité d’obtenir l’attestation de cours théorique en dehors des organismes auto-école, et qui offrirait les mêmes garanties. En effet, notamment en zone rurales, cela faciliterait l’accès au permis de conduire par des sessions délocalisées avec possibilité de délivrance de l’attestation de cours. Il faut réfléchir ensemble à des solutions qui conviennent à tous.

 

car on road during daytime

Pour l’Histoire

Le premier code de la route apparaît en France le 27 mai 1921, il y a un peu plus de 100 ans. Ce n’est qu’après 1945 que la voiture se popularise en Belgique, ou très peu de règles routières existaient. A l’époque un permis de conduire n’était pas nécessaire pour rouler. Quelques règles existaient, quelques panneaux et limitation de vitesse aussi. Rien de bien concret. Le permis de conduire théorique devient obligatoire en 1969, il s’agissait d’un examen très sommaire, et qui suffisait à se lancer sur les routes. L’instauration de l’examen pratique se fera huit ans plus tard. À partir de 1974, les limitations de vitesses ont été instaurées et ont lancées le début du code de la route moderne, qui a connu beaucoup d’évolution depuis. Rien que ces dix dernières années, le code de la route a été modifié 42 fois.

Sources

Interview du 12 août 2022 avec Lionel

https://www.dhnet.be/actu/societe/2022/07/15/permis-de-conduire-cest-la-cata-un-bruxellois-sur-deux-est-en-echec-les-wallons-ne-font-pas-beaucoup-mieux-ITFQM2RILFEKTARSPZUKVN2QGM/

https://www.dhnet.be/conso/auto-moto/2022/07/07/permis-theorique-en-wallonie-pres-de-deux-tiers-des-candidats-en-echec-BC3UA4E3Q5AWLAKJWXXUVKOKYE/

https://www.lalibre.be/economie/mes-finances/2022/04/14/il-faut-avoir-fait-bac10-philo-pour-reussir-lexamen-theorique-LKYI7WLTWBDCJG3TBTD4T5BXMA/

https://www.rtbf.be/article/le-premier-code-de-la-route-etait-cree-il-y-a-100-ans-en-france-en-belgique-un-tout-nouveau-devrait-sortir-en-2022-10770226