Le temps où nos grands-parents nous glissaient un billet de 50€ dans une carte
d’anniversaire en guise de dringuelle (de pourboire) est peut-être révolu et laisse place à un
virement bancaire avec « Bon anniversaire ! Mamy et Papy » en communication libre. Si certains
sont attachés à leurs billets et aiment les avoir en main, d’autres préfèrent mettre leur argent sur
un compte en banque et payer uniquement par virement. La réalité, c’est que notre société évolue et l’argent liquide disparait peu à peu de la circulation pour diverses raisons, mais pas sans risque.
Au fil du temps...
Il est intéressant, avant tout, de revenir sur l’histoire de la monnaie. Pour rappel, les
premiers échanges étaient sous forme de troc (commercer un objet contre un autre). Mais cette
forme d’échange a vite posé quelques problèmes : parfois impossible si l’une des personnes ne
veut pas de l’objet proposé par l’autre, également compliqué si une grosse pièce ne peut être
découpée pour des petits échanges… Dès lors, la monnaie s’est rapidement imposée. Les objets
ont alors une valeur monétaire. Si aujourd’hui « être riche » signifie avoir un chiffre à 6 zéros en
actif, autrefois la richesse était le bétail. Cela a d’ailleurs eu une répercussion sur notre vocabulaire puisque pecus qui signifie troupeau en latin a donné « pécuniaire », idem pour caput (tête) qui a donné « capital ».
Avant les pièces en métal et en or, la monnaie était du sel ou même des coquillages. Au fil des siècles, les Royaumes créent leur propre monnaie en vue d’unifier les échanges sur son territoire. Il faudra en revanche attendre 1750 pour connaitre la première monnaie internationale, le thaler (créé par l’impératrice Marie Thérèse de Habsbourg). A noter que le thaler va subir une distorsion phonétique et devenir « dollar ». À la fin du XVIIe siècle, suite à une pénurie de monnaie, les colons français installés au Canada inventent la monnaie fiduciaire. Mais c’est au XVIIIe siècle que la monnaie papier et les billets apparaissent en France.
Dématérialisation
Si l’argent liquide reste présent car il représente une réserve de valeur, actuellement, l’argent subi une dématérialisation. Il est maintenant possible de payer par carte mais aussi avec un smartphone et/ou avec une montre connectée. Ces paiements dématérialisés sont sans conteste nettement plus pratiques et rapides, d’autant plus depuis le « sans contact » : un bip et la transaction est faite ! La crise du coronavirus a évidement favorisé l’utilisation du « sans contact » pour une question d’hygiène. De plus, les paiements électroniques offrent aux commerçants une certaine sécurité. En effet, cela leur évite de tomber sur des faux billets ou sur des chèques en bois mais ce type de paiement permet aussi à n’importe qui de suivre et surveiller ses dépenses plus facilement. L’argent numérique, comme envisagé pour 2025, se présente comme des billets rangés à la banque centrale et non plus dans les portefeuilles des gens.
Le passage historique de cet article oublie de rappeler qu’il existe actuellement une autre forme d’argent : la cryptomonnaie. Le dictionnaire Le Robert définit la cryptomonnaie comme une
monnaie numérique en usage sur internet, indépendante des réseaux bancaires et liée à un système de cryptage. Par exemple, le bitcoin est une cryptomonnaie. L’une des grandes caractéristiques de celle-ci est qu’elle ne laisse pas de traces. Alors, pour des transactions illégales, la cryptomonnaie sera privilégiée. Si cette monnaie récemment mise en place intéresse presque exclusivement aux jeunes, c’est parce que selon une étude allemande, ceux-ci n’ont grandi qu’avec des crises (crise de 2009, bulle d’internet, Brexit…) qui les encouragent à faire des
investissements à risque comme les cryptomonnaies. Voilà donc un élément en plus qui va faire
disparaitre le cash dans les prochaines années.
Quelle serait la réalité si l'argent liquide disparaissait définitivement?
D’après les dires de Jacques Fierens (avocat et professeur de droit à l’ULiège), il y aura un monde sans cash où il fait bon vivre et ensoleillé et un monde sombre avec de l’argent liquide en circulation où la souffrance et la misère sont prédominantes. De plus, si il n’y a plus de cash, cela veut donc dire que toutes les transactions se feront par carte bancaires, ce qui posera le problème de traçabilité. Personne n’aura de secret pour les banques. Tous les paiements seront visibles par les banques et les influenceront sur le refus ou non d’un crédit (par exemple, une banque va refuser un prêt à quelqu’un qui joue souvent au casino). Pour les commerçants, la disparition du cash fera descendre le nombre de braquage mais il sera alors impératif de développer la cybersécurité des banques pour faire face aux hackers.
Enfin, la suppression de l’argent liquide fera presque disparaitre le travail au noir. Cependant, la pauvreté ne disparaitra pas pour autant, un retour au troc est possible. Aussi, Il a été montré que sortir une liasse de billets de son portefeuille est plus significatif dans les esprits des individus que payer sans contact ou par une application.
Que l’on préfère avoir son argent en main propre, que l’on préfère le savoir en sécurité dans une banque ou qu’on décide d’investir dans des cryptomonnaies, chacun gère son argent comme il l’entend. La marche vers la disparition totale de l’argent liquide est large mais il n’est pas impossible que dans quelques années le billets de 5€ tel que nous le connaissons actuellement devienne une pièce de collection, comme le franc.
Sources
– Histoire de la monnaie : https://group.bnpparibas/actualite/breve-histoire-monnaie
– L’argent et ses métamorphoses : vidéo ARTE
– La fin du cash : https://dossiers.lalibre.be/la-fin-du-cash/