L’essor de la démocrature

Opinion libre de Kourosh Leperse

En quoi le système politique de la République islamique d’Iran s’apparente-elle à une usurpation d’identité de la démocratie représentative ?

 

La démocratie est un système où les organisations sont régies par la volonté du peuple. Un régime qui encourage les citoyens à participer librement aux décisions liées au « Vivre Ensemble ». Dans les démocraties représentatives que nous connaissons bien dans le monde, généralement, les citoyens – à la suite d’un suffrage universel – amènent leurs représentants au pouvoir. Autrement dit, l’urne électorale est l’articulation mobile d’un corps social démocratique, qui relie le peuple au gouvernement.

 

Au cours des quarante dernières années, les autorités iraniennes ont toujours revendiqué que leur légitimité est baptisée, une fois tous les quatre ans, par la participation populaire libre. Une réclamation dont sa vérification ou sa falsification nous conduisent à de maintes spéculations. Pour y répondre, nous devons d’abord étudier la quiddité idéologique de la république islamique et puis examiner le fonctionnement du mécanisme électoral du pays. Au préalable, intéressons-nous à la désignation du Walâyaté faqih ou le gouvernement du juriste. Ce dernier est la pierre constructive de la république islamique, un principe étendu par Ayatollah Khomeini avant la révolution de 1979 également appelée la révolution islamique qui a remplacé l’État impérial d’Iran par une République. Basé sur cette doctrine, le juriste a une autorité absolue politique et religieuse. Par conséquent, il détient le même pouvoir que le prophète et les saints Imams. En prenant en considération cette interprétation de la religion, nous apprenons que ce régime s’inscrit sous le nom d’un pays théocratique.

 

De plus, il est aussi nécessaire de percevoir l’Iran à travers son prisme totalitaire. Si nous nous référons à la signification de ce dernier, nous trouvons que l’idéologie a sa forte place dans la politique, la violence envers les opposants et les groupes, tout ceci sous la direction d’une seule personne : le guide suprême. Il y a pareillement une forte adhésion de la population au régime. Ce dernier planifie de nombreux événements religieux et gouvernementaux comme la décade de Fajr, la célébration de dix jours du retour de Khomeini en Iran, ou la journée d’occupation de l’ambassade américaine le 4 novembre, etc. Ce totalitarisme a également des ambitions internationales afin de répandre l’islam. Nonobstant, le système politique iranien ne rentre pas complètement dans la définition du totalitarisme, car il y a l’absence du parti unique. Nous pourrions donc le qualifier d’état idéocratique malgré ces aspects totalitaires. Ce qui fait sans cesse l’olibrius sur la scène du pouvoir iranien n’est sûrement pas un système démocratique. Afin de décrypter mieux la nature de ce régime, il nous faut converger nos regards sur les élections.

 

Les élections en Iran ont lieu sous la surveillance du Conseil des gardiens de la Constitution. Une assemblée de 12 membres dont 6 membres nommés directement par le guide suprême et 6 membres élus par le parlement sous la prescription du chef du pouvoir judiciaire qui est également désigné par le guide suprême. En d’autres termes, le navire électoral surfe sur les vagues de la pensée du Guide Suprême. L’architecture de la république islamique est telle que les élections ne peuvent pas être populaires. En effet, toutes les classes n’envoient pas leurs représentants et ceux qui postulent leur candidature sont limités.

Par exemple, l’Article 115 de la Constitution de l’Iran rejette la possibilité à femme, une personne non-chiite ou non-croyante aux principes de la république islamique d’être élue. Selon Khomeini, le fondateur de cette République, la légitimité du gouvernement islamique vient d’Allah. Alors les votes des individus, même du prophète, ne sont pas impliqués car c’est le commandement de Dieu d’obéir aux dirigeants. Puis nous pouvons conclure que dans ce système politique les élus sont plutôt les représentants de la loi divine que le peuple.

 

En dernier lieu, l’enjeu des élections en Iran ne tente pas d’offrir des alternatives politiques mais renforce une dimension concurrentielle pour un système politique clientéliste et d’idéocratie. Le régime islamique d’Iran se déplace dans l’orbite d’une idéologie que par la définition de Marcel Gauchet, philosophe et historien français, « est conçue pour l’exercice d’un pouvoir radical et total dans un État ».