Mise au point féministe

Par Gauthier Jacques, journaliste Piccolo

Le féminisme ne date pas d’hier, tant s’en faut, et heureusement devrais-je dire. Nous n’allons évidemment pas retracer l’histoire du féminisme, bien qu’intéressante, car ce n’est pas le propos de cet article. Il est toutefois important de comprendre qu’une personne dite féministe n’est pas une vieille lesbienne avec des poils en-dessus des bras comme certains pensent. Nous sommes toutes et tous féministes, ou du moins nous devrions l’être dans une moindre mesure, même si nous n’osons – je ne sais pour quelles raisons – pas nous définir comme tel. 

La révolution féministe a pris un tournant mondial grâce à l’apparition du mouvement #Metoo qui a permis une certaine transcendance intergénérationnelle mondiale. En effet, ce mouvement transcende les classes sociales, les couleurs de peau, etc. Ce mouvement est capital dans la lutte féministe car les femmes ont pu se rendre compte qu’elles n’étaient pas seules et que, à un endroit de la terre, une autre femme a, elle aussi, partagé cette même expérience : agressions verbales, agressions physiques, viols, etc. D’autres mouvements ont aidé la propagation des idées féministes, parfois de manière violente même. C’est notamment le cas des FEMEN, groupe féministe d’origine ukrainienne, fondé à Kiev en 2008 par Hanna Hutsol, Oksana Chatchko et Oleksandra Shevchenko. Bien que je ne sois pas particulièrement en faveur de leurs méthodes – que je trouve trop violentes – je pense que ce mouvement a remis en question la dualité du sein féminin.

Jadis, nous avions tantôt, un sein nourricier, tantôt, un sein sensuel, dédié aux plaisirs charnels. Les FEMEN rajoutent ce que j’appellerais le sein politique. En effet, ces dernières utilisent leurs poitrines pour y inscrire des messages politiques, courts, mais percutants. Petite parenthèse quant à cette poitrine qui choque toujours autant. Prenons l’exemple d’un homme qui se promène torse nu – nous voyons déjà bien facétie langagière car nous pourrions très bien parler de poitrine, certes non-développée chez l’homme, mais bon – il ne recevra probablement aucune critique dans la rue. Or, si nous prenons une femme qui se promène, tout comme l’homme, seins nus… mon dieu… les insultes, sifflements, regards obscènes sortent à profusion… Pour terminer avec ce mouvement, j’aimerais nuancer mon propos. Je ne suis pas contre le mouvement en tant que tel mais contre les pratiques utilisées pour leurs revendications. En effet, je ne trouve pas utile d’exposer ces seins avec un slogan politique. Je pense même que cette attitude peut desservir leur cause car cela renforce les propos de certains machistes qui diront « regardez, vous voyez bien, ce sont des sauvages ». Alors que non, ce sont des personnes exaspérées par les conditions sociales, politiques, économiques, psychologiques, dans lesquelles elles vivent.

Tous ces mouvements montrent, cependant, que nous vivons toujours dans une société phallocrate, misogyne, où les femmes n’ont pas toutes les mêmes droits tout simplement à cause d’un fait biologique simple : être femme. Inutile de vous mentionner les conditions horribles, ineffables, que ces femmes vivent quand on leur ajoute de simples adjectifs comme : noires, lesbiennes, obèses, transgenres, et la liste est encore longue. Nonobstant, si le féminisme est loin d’être velléitaire, il ne doit pas – selon moi – perdre son temps à des idioties contemporaines. En effet, bien que je sois en faveur de la féminisation de professions, je suis – d’un point de vue linguistique – purement contre l’écriture inclusive. Elle rend la lecture incompréhensible et, selon moi, peut avoir un effet contreproductif et, donc, nuire à l’image positive escomptée par cette action. 

Enfin, pour conclure, je dirais que la conscience féministe devrait, toutes et tous, nous habiter et que la lutte ne fait que de commencer. Mais nous, féministes, femmes et hommes, respectueuses et respectueux d’autrui, nous mènerons le combat et ça sera, un jour ou l’autre, payant !