Mon chien, mes yeux !

En mars dernier, nous avons eu l’occasion de rencontrer des formatrices à l’école canine Scale Dogs. Cette ASBL a pour but de former des chiens afin qu’ils puissent guider des personnes malvoyantes, mais également des enfants atteints de trouble du spectre de l’autisme (TSA).

Tout a commencé en 1990, quand les membres du Kiwanis Bruxelles Scale sont allés visiter le Kiwanis Club de Limoges. Ils avaient déjà créé quelques années plus tôt un centre de formation pour chiens-guides.

 

« SCALE » Dogs fait référence aux 5 valeurs principales du club Kiwanis Bruxelles Scale.

« S » pour « Solidarité », 

« C » pour « Courtoisie », 

« A » pour « Amitié », 

« L » pour « Loyauté », 

« E » pour « Entraide ».

La majorité des chiens formés pour être chiens-guides sont des labradors retrievers. Cette race s’adapte bien à la formation et regroupe différentes qualités nécessaires à l’assistance de personnes malvoyantes. Ils sont sociables, calmes, intelligents, et ont une bonne santé.

Une formation complète de chiens-guides dure approximativement deux ans, en fonction du chien cela peut être plus ou moins rapide. Tout compris, la formation revient à un coût de plus ou moins 25 500 €, et le financement se fait uniquement par le biais de dons. Il n’y a aucun subside direct. Cependant, l’ASBL a évidemment des sponsors comme la Loterie Nationale. Toutefois, le sponsoring devient de plus en plus difficile. D’autres personnes décident de léguer leur héritage ou inscrivent l’association sur leur testament. 

 

Ça fonctionne comment

 

Dès le plus jeune âge, les chiots sont sélectionnés par Scale Dogs auprès d’éleveurs dont les conditions correspondent aux critères de l’association ou auprès de Purpose Dogs, une association qui consacre son activité à la sélection et l’élevage de chiens destinés aux centres de formation de chiens d’assistance. 

Dans un premier temps, les futurs formateurs évaluent le comportement des chiots pour s’assurer de leur disposition à devenir chiens-guides. Même le passé médical des parents des chiots sont analysés afin de s’assurer des normes de qualités les plus élevées possibles.

 

Dès 8 semaines, les chiots sont placés en famille d’accueil pour s’accoutumer à la vie quotidienne. C’est au sein de cette famille qu’ils vont découvrir les promenades, les rues, les parcs, les transports publics, la circulation, les bruits, les travaux … De cette façon, ils apprennent à se sentir à l’aise dans toutes les situations, et ils passent chaque week-end au sein de leur famille d’accueil tout au long de leur formation. Les familles d’accueil sont là pour poser les bases de l’éducation du futur chien-guide en faisant de lui un jeune chien équilibré, joyeux et obéissant.

 

La formation de chiens-guides en elle-même ne commence qu’une fois que le chien a atteint sa première année et que différents examens médicaux ont été réalisés pour s’assurer de sa bonne vision et d’un parfait état de santé. Les fondements de cette dernière ont pour objectif d’apprendre au chien à prendre plaisir à s’entrainer et à s’habituer aux exercices de chiens-guides. L’éducation se veut positive et à l’écoute des besoins du chien. D’ailleurs, au cours de sa formation, le chien sera récompensé pour ses réussites. Il y a tout de même un cadre et des commandes alternatives lors des désobéissances.

 

Chaque éducatrice ou éducateur s’occupe en moyenne de deux chiens, maximum trois. Lors de la formation, le chien apprend à suivre des ordres sur commande, et en même temps, il apprend à faire certaines actions de façon autonome. Par exemple, il apprend à refuser une commande de son maître qui représenterait un danger pour celui-ci, comme refuser d’avancer alors que son maître lui demande d’aller face à un obstacle dangereux. Les chiens-guides qui ne répondent pas aux exigences, très strictes, pour accompagner une personne malvoyante, que ce soit pour des raisons médicales ou de comportements, sont alors évalués au niveau de leur éducation et de l’obéissance afin de connaître leurs aptitudes à devenir chien d’autisme ou chien d’institution, ces derniers ont vocation à être présents au sein de maisons de repos pour améliorer la qualité de vie des résidents.

 

En moyenne, il y a 6 chiens guides formés par an. Dont 1 chien pour les personnes atteintes d’autisme et 1 chien d’institution. Suite à la crise COVID, très peu de chien ont pu démarrer une formation. En 2021, seuls 4 chiens ont démarré la formation de chiens-guides.

 

Tout le monde peut avoir ce type de chien ? 

 

Avant toute chose, est analysé le besoin d’avoir un chien-guide en parallèle au besoin de déplacement de la personne malvoyante. La personne malvoyante doit avoir la capacité de se déplacer de manière autonome à la canne blanche et connaitre son environnement. Si elle ne connait pas son environnement, si elle n’a pas appris à le juger, si elle se perd dans cet environnement, un chien-guide n’est pas une option. La personne déficiente visuelle doit connaitre les éléments de son environnement qui lui permettent de savoir plus ou moins où elle se situe sur son trajet. Le but est de donner les commandes au chien au bon moment. Les capacités de mobilité et d’orientation sont donc importantes.

 

Le coût financier est énorme, qui serait encore plus énorme sans l’aide des familles bénévoles et familles d’accueil, le coût de formation est estimé à 25.000 euros. Les bénéficiaires peuvent recevoir une somme des régions (Aviq 5000 €), qui est rétrocédée à l’ASBL. La crise Covid a touché l’ASBL principalement au niveau des dons et des activités.