Rencontre avec Caroline Taquin, une Courcelloise Bourgmestre et Députée

Par Guillaume Chiarappa, journaliste Piccolo. 

Présentez-vous en quelques mots

Je suis institutrice primaire de formation et maman de deux adolescents de 16 et 17 ans.

Je me suis investie en politique en 2005 et ma première élection date de 2006 au conseil communal de Courcelles et au conseil provincial du Hainaut. Je me suis ensuite présentée aux élections fédérales en 2007 et aux régionales en 2009 encouragée par Véronique Cornet et Olivier Chastel. J’ai été à nouveau sur le pont aux côtés d’Olivier Chastel en 2010. En 2012, après 50 ans de gestion socialiste à Courcelles, 3ème commune de l’arrondissement de Charleroi (31000 habitants), nous avons rassemblé une majorité avec le CDH et ECOLO et je deviens Bourgmestre

En 2014, j’ai été candidate (élue un bref instant !) sur la liste fédérale menée par Olivier Chastel mais le système de dévolution de la case de tête m’écarte des enjeux du Parlement fédéral. En 2018, la Liste du Bourgmestre a remporté la majorité absolue aux élections communales, et j’ai de nouveau ouvert notre majorité, par loyauté, au CDH et ECOLO. En 2019, Denis Ducarme et Charles Michel me font confiance pour la 3ème place sur la liste de la Chambre et les citoyens m’accordent d’être Députée fédérale. Je m’investis pleinement en Santé, Intérieur, Émancipation sociale notamment.

Je suis donc actuellement maman, le plus beau métier du monde, et députée fédérale ainsi que bourgmestre de Courcelles.

Vous êtes surnommée le « bulldozer bleu », cela vous rend-il fier ?

Je trouve le terme pas très féminin  mais si c’est pour souligner le travail au quotidien et la majorité absolue conquise en terre carolorégienne ça me va ! Je suis assez déterminée et je me suis forgée aux valeurs libérales et sociales instinctivement et naturellement. J’aime aller à l’essentiel, je suis pragmatique et j’évalue sans dogmatisme sur base d’analyses concrètes. Ensuite en fonction des résultats, on développe encore et on réoriente si nécessaire en fonction des témoignages de la population. 

Mon leitmotiv : être utile. Trouver la solution individuelle qui m’est présentée et améliorer la vie collective, dans la mesure des possibilités. Pour assurer un cadre de vie positif et une cohésion sociale (cela vise donc beaucoup de dossiers en sécurité, logement, aide sociale, environnement, sport, vie associative, folklore, patrimoine, culture,…). Mes deux mandats, l’un local et l’autre fédéral, sont énergivores, mais extrêmement complémentaires. Et puis aux côtés du « bulldozer » il y a évidemment une équipe… avec des pelleteuses, des chargeuses, des tractopelles, des rouleaux compresseurs. Et aussi des services communaux qui doivent être au plus près des citoyens. Alors fière d’une dénomination non, mais fière et contente du travail bien fait évidemment ! Fière de pouvoir aider, d’apporter du plus et du mieux. Mais humblement, car je sais que chaque jour est une nouvelle histoire… Par ailleurs, je tiens à préciser que j’ai décidé d’ouvrir politiquement mon collège, l’échange avec un partenaire politique dans une majorité me semble très important et utile.

La majorité absolue sur votre commune, c’est… 

La démonstration qu’il n’y a rien de figé, qu’il n’y a pas de fatalité et qu’avec de la pédagogie, de la proximité, de la confiance et du travail, beaucoup de choses sont possibles. Et c’est donc aussi la démonstration qu’il n’y a jamais rien d’acquis ! 

La majorité absolue, c’est une facilité de travail pour avancer plus vite et en cohérence dans toutes les compétences communales. C’est aussi une grande responsabilité, car il n’y a pas de « faux-semblants » ou de « jeux » que l’on peut observer dans la dilution des responsabilités vu notre système électoral de coalition politique, avec souvent de nombreux mouvements politiques qui composent une même majorité. Car ce qui est essentiel c’est la cohérence dans l’action que l’on mène.

En votre qualité de Bourgmestre qu’avez-vous mis en place sur votre territoire communal lors de cette crise sanitaire ?

On s’est adapté assez vite et je suis fier de notre collège et des services communaux qui ont dû se mettre à travailler autrement. On essaie d’être le plus à l’écoute possible dans les conditions de confinement et de semi-confinement, c’est différent, le contact et la vie sociale me manquent, mais je pense qu’on y arrive vu les circonstances. 

Il faut juste que ça s’arrête très vite. On essaie de communiquer un maximum d’informations claires et concrètes. Concrètement, je pense évidemment aux stocks d’équipements pour le personnel médical et de soins de mon entité, car ça n’arrivait pas de la région ou du fédéral. Nous l’avons fait le plus vite possible dès la première vague.

Voici trois actions que nous avons mises en œuvre depuis ces 12 mois de crise :

    1. « Courcelles écoute ». C’est une ligne d’écoute mise en place par le PCS et gérée par la coordinatrice de la maison de village qui est aussi psychologue. Ce call center a pour but d’aider les personnes souffrant psychologiquement de la crise sanitaire que ce soit à cause du stress, de l’isolement, de l’épuisement ou encore de deuil… Depuis quelques semaines, le service propose également une permanence solidaire, d’accueil, d’écoute et de réorientation pour les personnes qui en ont besoin. 
    2. L’économie locale. Nous avons mis en place une aide financière à tous les secteurs impactés par les mesures liées au confinement. Des primes ont été octroyées aux différents secteurs économiques (Horeca, commerçants, ambulants, forains, sociétés de taxis, clubs sportifs et sociétés folkloriques) touchés par la crise allant de 300 à 600€ selon la phase à laquelle leurs activités ont pu reprendre ou pas encore.
      Nous avons mis en place très vite des chèques sous la forme de bons d’achat de 10 € pour les adultes et 2×20 € pour les enfants (de moins de 18 ans) qui ont été distribués aux citoyens à dépenser dans les commerces locaux. L’objectif de ce projet était la relance économique de nos commerces. Le montant alloué à ce projet est de 700.000 € !
      Par ailleurs, bien logiquement nous avons décidé que des taxes soient gelées ou annulées (terrasses, enseignes, débit de boissons…). Ceci représente +/- 50.000€/an !
    3. La protection sanitaire dans nos écoles. Nous avons acheté des masques pour les enseignants, des masques pour les familles, taille adulte et taille enfant. Encore récemment des FFP2 pour le personnel scolaire. Et nous avons fait le choix du port du masque dans l’école primaire alors qu’il était impossible d’avoir une réponse claire du ministre de la santé ou des experts. Ces derniers mois nous ont d’ailleurs montré que nous avons bien fait… Ce n’est pas facile. Nous le faisons avec beaucoup de pédagogie et je remercie d’ailleurs les enfants et les familles qui adhèrent à cette mesure à plus de 80% depuis des mois. J’espère que nous pourrons revoir cette mesure. En tout cas je me suis rendu compte, une fois de plus, qu’il faut prendre ses responsabilités. Personne ne décide pour vous. La crainte de décider, c’est quelque chose que je n’ai jamais aimé. Il faut analyser. Se faire conseiller et puis décider. Nous l’avons fait en équipe.

Depuis votre entrée au parlement, quel est le dossier qui vous a tenu le plus à cœur ? Et pourquoi ?

Je ne peux pas vous en donner un seul ! Je suis membre effective de la Commission Intérieur, de la Commission Santé et notamment aussi du Comité de l’Émancipation sociale. Il y a bien sûr ma proposition pour soutenir les infirmiers indépendants et de soins à domicile. Elle a été adoptée par le Parlement récemment et demande des aides très concrètes pour eux (indemnité pour la logistique des visites de soins à domicile, augmentation de leur prime informatique, simplification du regroupement infirmier, révision de la nomenclature des actes infirmiers qui méritent mieux, création d’un cadastre dynamique pour tous les infirmiers du pays…). Il y a aussi la proposition de loi visant l’interdiction de vente de protoxyde d’azote aux moins de 18 ans. Ces capsules de gaz, de plus en plus détournées de leur usage et inhalées par des jeunes, gaz qui peut faire des dégâts terribles sur la santé. Je suis aussi heureuse d’avoir participé à des propositions sur les violences intrafamiliales (formation des services d’accueil, place des pharmaciens dans la prévention et assistance…) et sur le « Covid longue durée ». Et je suis aussi contente d’avoir déposé une proposition de loi pour le financement fédéral des fins de carrière pour nos policiers ‘NAPAP’. Cela représente 46 millions d’euros pour les zones de police du pays, c’est extrêmement important pour les policiers, mais aussi pour les finances communales qui elles-mêmes financent les zones de police. Beaucoup de sujets et problèmes me tiennent à cœur. Nous allons prochainement déposer un texte sur l’encadrement des soins psychiques au niveau Santé mentale avec un lien aussi avec la lutte contre les harcèlements (qu’ils soient scolaire, familial, professionnel ou sectaire).

Ça ressemble à quoi, une vie de Députée-Bourgmestre ?

J’ai une formation d’institutrice et j’ai déjà de nombreuses années d’engagement politique. Avant d’être élue bourgmestre, il y a un cheminement, assez collectif d’ailleurs au niveau local. Comme ça n’arrive pas du jour au lendemain, on se forme et on acquiert de l’expérience avec le temps. On ressent d’ailleurs cela lorsqu’on se retrouve en charge de telles responsabilités. Être bourgmestre, c’est une action qui vous colle à la peau. Vous ne déposez pas dans le hall votre fonction en rentrant, c’est réellement du 7j/7 et presque 24h/24. On ressent évidemment un sentiment du travail accompli lorsqu’on est réélue, mais on voit de suite tout ce qu’il faut faire « maintenant », demain et pour après-demain : dans le fonctionnement quotidien et pour investir dans les services et les infrastructures pour développer les services, son entité et sa région. Lorsque vous avez la possibilité de coupler cela avec un travail d’équipe locale et au parlement fédéral comme je le fais depuis bientôt deux ans, c’est vraiment intéressant, car vous avez les deux pieds dans le quotidien et vous pouvez tenter d’agir là où l’on fait les lois, où on peut les modifier, où on peut les améliorer. Je le vis très fréquemment, en matière de santé ou de sécurité notamment. Les journées sont bien remplies, j’aime ce que je fais. Je le fais complètement investie mais je veille à avoir toujours le recul nécessaire. Par ailleurs, j’aime évidemment mes moments de vie familiale, il faut un équilibre, c’est indispensable. J’essaie d’être toujours à l’écoute de mes enfants et d’échanger aussi, c’est très souvent fort intéressant pour moi, je pense que ça l’est pour eux aussi ! 

Étiez-vous avant aux Jeunes MR, vous y faisiez quoi ?

Ah oui, c’est par là que j’ai débuté et j’y tiens ! J’ai participé à la création des JMR de Courcelles en 2006 avec d’autres jeunes qui font partie de mes merveilleux souvenirs pour toujours. Nous avons initié les ramassages de déchets, les récoltes de matériels scolaires, “un cours un sac” (On aidait les enfants à préparer leur CEB et les parents donnaient des sacs pour notre action propreté en échange), nous avons créé avec Joël Hasselin, qui est échevin aujourd’hui, un grand événement annuel pour mettre en valeur tout l’associatif de Courcelles à la veille de la rentrée des classes … J’étais également déléguée aux jeunes élus dans la section provinciale. Je suis reconnaissante pour la confiance qui m’a été accordée à l’époque par Jean-Claude Meurée mon chef de file en 2006 et fière du soutien que nous apportons à nos jeunes et dont ils prennent soin !  

Aurore Goossens travaille à mes côtés à la commune, au parlement fédéral et est un exemple d’investissement, de responsabilité et de confiance.

Source photo DHhttps://www.dhnet.be/regions/charleroi/caroline-taquin-positive-au-covid-au-lit-depuis-une-semaine-5f8d76d0d8ad5827055f422f