Par Cédric Sevrin
S’il y a bien un endroit à ne pas louper quand vous passez par Beaumont, c’est la chocolaterie Bressant. Située dans un cadre rustique où règne une ambiance de travail familiale et conviviale ainsi qu’une odeur exquise de chocolat, la chocolaterie artisanale a été créée par Alain Bressant il y a presque 30 ans.
Bonjour, pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Alain Bressant, j’ai 59 ans et je suis maître chocolatier à Beaumont.
Comment êtes-vous devenu chocolatier ?
Alain : J’ai d’abord été apprenti de 1977 à 1981 à la boulangerie-pâtisserie Solbreux, qui est une boulangerie familiale beaumontoise produisant les fameux macarons de Beaumont. À l’issue de mon apprentissage, j’ai été engagé comme ouvrier. J’ai ensuite fait mon service militaire pour ensuite retourner à la maison Solbreux jusqu’en 1998.
À partir de 1994, je suis passé en mi-temps à la boulangerie et j’ai ouvert mon atelier sur le côté.
Actuellement, notre équipe est composée de Cathy, mon épouse et Laurent, mon fils, qui travaillent à plein temps. Nous avons également deux employés à mi-temps et Flavien, mon autre fils vient nous aider de temps en temps.
Quelle est votre production de chocolat par an?
Nous atteignons actuellement une production de 4 à 5 tonnes de chocolat par an.
Et qu’est-ce qui explique le succès de la chocolaterie ?
Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui expliquent cela. Tout d’abord : la matière première. Nous travaillons avec un fournisseur de cacao durable. Les cultivateurs ont reçu une formation pour produire des fèves de qualité. Ensuite nos produits et la fabrication artisanale font certainement la renommée de la chocolaterie. On organise aussi pas mal de journées porte ouverte pendant lesquelles les gens peuvent découvrir l’atelier, comment le chocolat est préparé et comment nos produits gardent une qualité constante avec un prix juste.
On est également repris dans le Gault&Millau, guide gastronomique, depuis 5 ans environ.
Pourquoi avoir fait le choix du cacao durable ?
Avec mon épouse, nous avons découvert le Cacao Trace lors d’une soirée de présentation il y a quelque année de ça.
Nous avons vraiment été marqués par notre voyage sur place, à la rencontre des travailleurs de première ligne. Les planteurs et récolteurs sont d’une grande gentillesse, et nous avons pu visiter une école que le programme a aidé à construire. C’est ce qui nous a décidés à adhérer au programme.
Depuis, je travaille avec Cacao-trace, un vaste programme qui consiste à donner une meilleure qualité de vie aux « cacao farmer » et aux « cacao cultivateur ». L’objectif est de mieux rémunérer les personnes travaillant à la production en achetant les fèves de chocolat plus cher. À chaque kilo acheté par cacao trace, un « bonus cacao » est intégré dans l’association. L’argent récolté sert ensuite à construire des écoles, des cantines, des maternités et des cliniques dans les pays producteurs de cacao.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur place ?
Définitivement les conditions de travail sur place. Une journée de travail équivaut à 500 francs CFA, soit +-0.75 cent. Pendant la période de production, les personnes travaillent 8 à 10h par jour avec 1 seul jour de repos. L’hygiène y est chaotique… Des enfants travaillent. Certains enfants sont présents sans même que l’on ne connaisse leur âge, car ils ne sont pas déclarés.
Je me souviendrai toujours de ce qu’un local m’a dit : “Nous, chez vous, on peut vivre avec vos poubelles…”. Ça fait réfléchir.
Comment le consommateur belge peut-il améliorer les conditions de travail des cultivateurs sur place ?
En se renseignant quand il achète du chocolat et en privilégiant celui qui provient d’associations telles que Cacao trace ou de chocolatiers qui adhère aux projets de Cacao trace.